Page:Sand - Le Théâtre des marionnettes de Nohant, paru dans Le Temps, 11 et 12 mai 1876.djvu/75

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dulité funeste de la plupart de ceux qui écoutent, temps gaspillé sans résultat, voilà la vie intellectuelle de ces temps troublés d’où la sagesse de l’avenir se dégagera quand même, nous l’espérons bien, et nous l’espérons même sérieusement aujourd’hui ! Mais combien nous marcherions plus vite vers la solution, si nous nous occupions dix fois moins de la définir chacun à notre point de vue ! Sans doute la conversation à son heure et en son lieu est intéressante et profitable. On comprend une certaine dépense de temps pour se renseigner et commenter les événements qui se succèdent afin de les comprendre autant que possible. Mais comme il serait bon d’être sobre de discussion et avare de dispute ! Que d’assertions fausses et de prédictions absurdes, que de vain orgueil et de niaiseries oiseuses on s’épargnerait ! Que de bonnes lectures et de sages réflexions on porterait au profit de la cause ! Rien ne s’arrangera plus en ce monde que par la raison et l’équité, la patience, le savoir, le dévouement et la modestie. On dit qu’autrefois l’esprit français était charmant et on se demande pourquoi la conversation est devenue chez nous un pugilat. L’esprit de jadis était trop léger sans doute, puisque l’art du causeur était d’effleurer sans approfondir,