Page:Sand - Le compagnon du tour de France, tome 1.djvu/156

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qu’elle entraîne, contre l’esprit prêtre et le fanatisme qu’il excite, le plus pressé est de rassembler les capacités et de s’entendre avec elles pour préparer l’œuvre du libéralisme ?

— Je ne présume pas, dit Pierre en souriant, que vous veniez à moi pour cela. J’ai tout à apprendre, rien à enseigner.

— Je vais vous prouver que vous pouvez être très-favorable à mes vues régénératrices. Vous connaissez l’élément populaire au sein duquel vous vivez, tout en vous en détachant par votre supériorité intellectuelle. Vous pouvez me donner de bonnes idées, sur les moyens de répandre la lumière et de propager les saines doctrines politiques sur ce terrain-là.

— Ce sont là des questions que je voudrais vous adresser. Est-il possible que vous attendiez après moi pour entamer une mission si vaste et si difficile ? Oh ! vous voulez me railler ! Vous savez bien qu’un pauvre ouvrier ne peut vous ouvrir aucun chemin vers ce but immense, et que tout au plus il y marcherait en tremblant à la suite des gens éclairés qui voudraient le guider.

— Je commence à voir que, malgré votre excessive modestie, nous nous entendons assez bien. Je parlerai donc plus clairement. Si vous voulez vous associer au grand œuvre de la délivrance physique et morale des peuples, des hommes sympathiques vous tendront les bras ; et, au lieu de vous laisser dans le rang obscur où vous semblez vous retrancher, on facilitera le noble essor, on trouvera le haut emploi de vos énergiques facultés. Durant le peu de jours que je viens de passer à Blois, j’ai assez bien employé mon temps. Je connais déjà tout ce qu’on peut attendre de vous. J’ai noué autour de vous des relations que vous connaîtrez bientôt ; je vous ai déjà vu, déjà observé. Je sais que vous joignez à un courage in-