D’abord celui-ci ne se livra guère, attendant que Pierre Huguenin se livrât le premier.
— Voyons, dit-il, vous venez ici pour faire des affaires, n’est-il pas vrai ?
— Certainement, répondit Pierre, qui voulait le laisser s’engager
— Et votre compagnon aussi ? dit le prétendu commis voyageur en regardant le Berrichon qui souriait toujours.
— Oui, répondit Pierre ; c’est un homme très-propre à toutes sortes d’affaires.
Le Dignitaire et le maître serrurier se retournèrent et regarderont la Clef-des-cœurs avec surprise. Pierre eut quelque peine à garder son sérieux.
— À merveille ! s’écria le voyageur. Eh bien ! mes enfants, nous pourrons nous entendre, et sans beaucoup de façons. Sans doute vous vous êtes vus ? ajouta-t-il en regardant alternativement le Dignitaire et Pierre Huguenin.
— Certainement, répondit Pierre, nous nous voyons du matin au soir.
— Je comprends, reprit le voyageur ; j’aurai donc peu de préambule à vous faire.
— Permettez, dit le Dignitaire ; je n’ai point parlé de vous avec mon pays Villepreux.
— En ce cas, c’est notre ami l’avocat, reprit le voyageur.
— Ce n’est pas moi non plus, répondit l’avocat ; mais qu’importe, puisque l’ami Pierre est ici ?
— Au fait, dit le voyageur, cela prouve qu’il est sûr de nous ; et, quant à nous, nous sommes sûrs de lui.
Pierre tira l’avocat un peu à l’écart :
— Vous connaissez ce monsieur ? lui demanda-t-il à voix basse.
— Comme moi-même, répondit l’avocat.