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PROCOPE LE GRAND.

leuse que les précédentes. Les historiens l’ont comparée à celle de Crassus chez les Parthes, de Vexoris et de Darius chez les Scythes, et de Xerxès chez les Grecs. Les Bohémiens n’eurent qu’à se montrer inopinément sur la rive opposée de la rivière de Mise, où était établi le camp des Allemands occupés au siége de la ville. Une terreur panique s’empara de ceux-ci, et tout prit la fuite à leur seul aspect sans coup férir, entraînant les chefs indignés et furieux, l’électeur de Brandebourg, celui de Trèves, et le cardinal de Winchester lui-même, qui faisait de vains efforts pour ranimer leur courage. Un immense butin abandonné fut la proie du vainqueur. Il n’y eut si petit serviteur de la cause qui n’en tirât sa bonne part. « De l’aveu de plusieurs gentilshommes catholiques dont les familles sont à présent fort distinguées, dit l’historien dont nous suivons le récit[1], ce fut là le commencement de leur fortune. Les fuyards crurent s’être mis à couvert en gagnant la forêt de Tausch. Les vainqueurs les battirent en queue, et les paysans en assommèrent un bon nombre ; les Bohémiens n’y perdirent que peu de gens. Quand on eut cette bonne nouvelle à Prague, on y chanta un Te Deum en grande solennité. Cependant l’armée victorieuse assiégea et prit après seize jours de siége Tausch, ou s’était retiré le reste des fuyards. On y passa tout au fil de l’épée. » D’après ces récits, il ne serait rien échappé de cette armée de quatre-vingt mille hommes.

« Nous avons appris avec une sensible douleur la fuite honteuse des fidèles qui étaient allée en Bohême, écrivit le pape au légat consterné ; mais il faut se raidir avec plus de courage que jamais contre la disgrâce.

  1. Jacques Lenfant. Histoire de la guerre des Hussites et du concile de Bâle.