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PROCOPE LE GRAND.

Prenez des mesures pour lever cet opprobre de dessus l’Église. »

Peu de temps après, le pape écrivait à ceux de Pilsen et de Carlstein (où la religion catholique prévalait) : « Nous avons appris par les lettres de notre cher fils Jean, cardinal-prêtre de Saint-Cyriaque (c’est l’évêque de fer), que vous avez fait trêve avec les perfides et détestables hérétiques, et qu’à Noël prochain il se trouvera des gens de part et d’autre pour entrer en conférence sur la loi et sur l’Écriture sainte à l’occasion de leurs erreurs. Nous ne doutons point que vous ne l’ayez fait de bonne foi et à bonne intention ; mais il faut se conduire avec beaucoup de précaution à l’égard de ces serpents rusés et imbus du venin de Satan. Ce qu’ils en font n’est pas dans le dessein de se convertir, mais de vous pervertir par leurs sophismes et fourberies. Ils ont la peau de l’agneau, mais ils ont les dents du loup. C’est pourquoi nous vous prions, sans pourtant vous rien enjoindre, que vous évitiez un pas si glissant, de peur que vous ne tombiez. Évitez une telle entrevue et des disputes qui ne peuvent aboutir qu’à la destruction de vos âmes. La foi catholique est bien assez appuyée et confirmée par le sang des martyrs ; elle a été d’ailleurs éclaircie par tant de conciles, par tant de décrets des saints papes et d’écrits des saints docteurs, qu’il serait superflu d’en disputer davantage. Il est bien plus salutaire de s’en tenir à ce qu’ils en ont décidé. Fuyez donc, encore une fois, cette conférence où vous ne pouvez rien gagner et pouvez beaucoup perdre. »

Ainsi toute la foi, toute la force de l’Église catholique en était réduite à ce point, que le pape suppliait les fidèles de ne point disputer, pour n’être pas vaincus ! Voilà l’extrémité où une poignée de plébéiens inspirés