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PROCOPE LE GRAND.

princes, comtes, marquis, etc., orthodoxes, où les quatre articles de foi religieuse et politique sont expliqués avec d’amples développements, et où, après avoir rappelé qu’on a toujours refusé de les entendre et de les discuter avec eux, les Bohémiens concluent ainsi :

« Jugez vous-mêmes si, après un refus si obstiné, nous devons reconnaître de tels juges, principalement les ecclésiastiques, qui, comme des écailles, se tiennent serrés auprès de l’Empereur de peur que la vérité ne pénètre. Cette obstination ne leur vient que de leur orgueils et de leur arrogance. Oubliant l’humilité de leur profession, ils ne pensent, ils n’agissent que dans la vue d’envahir tous les empires et tous les biens de la chrétienté. Pour y réussir, ils tournent à tous vents, et font de la foi chrétienne une boule qui roule du côté que l’on veut. Au lieu d’imiter Jésus-Christ et les Apôtres, ils nagent dans les délices et dans les voluptés de la chair. Comme des pourceaux, ils foulent les choses saintes aux pieds ; ils deviennent les temples du Diable. Comme les sergents de l’Ante-Christ, ils traitent d’hérésie les vérités chrétiennes, et il ne tient pas à eux que Jésus-Christ lui-même ne soit hérétique. Quoique non plus qu’aux Juifs il ne leur soit permis de faire mourir personne, ils assassinent par les traits empoisonnés de leurs langues ; ils le font à la lettre par cette croisade sanguinaire, et ils vous ont engagé contre nous, ô rois et princes ! comme si vous étiez leurs vassaux ou plutôt leurs satellites et leurs bourreaux. C’est pour vous y amorcer qu’ils vous promettent la rémission de vos péchés qu’ils n’ont pas pour eux-mêmes, beaucoup moins peuvent-ils donner le salut éternel dont ils vous bercent dans leurs diplômes mêlés de fiel et de miel. »

Ce manifeste se termine par cette fière déclaration :