Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/114

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pour sortir de ces fonctions infimes et de ce pays désert. N’allez pas me croire ambitieux ; je ne le suis que de servir l’Église, et, pour être utile, il faut accepter la nécessité de se mettre en vue.

— Ce petit prestolet est plus fort que moi, se dit d’Alvimar ; il sait attendre et se bien placer pour tirer sur l’ennemi ; moi, j’ai toujours été agressif, c’est ce qui m’a perdu. Mais il est toujours temps de profiter des bons conseils ; j’en viendrai demander souvent à cet homme-ci.

En effet, cet homme, qui avait l’air de s’occuper de commérages de clocher, et qui, au fond, ne s’en souciait que pour en tirer parti, était plus fort que d’Alvimar ; à telles enseignes qu’en une heure, il le pénétra, lui si méfiant, et sut, sinon les secrets de sa vie, du moins ceux de son caractère, ses déceptions, ses revers, ses désirs et ses besoins.

Quant il l’eut bien confessé en ayant l’air de ne confesser que lui-même, il lui parla ainsi, allant droit au but :

— Vous avez plus de chances que moi pour parvenir, vu que la fortune est la grande condition du pouvoir. Un prêtre ne peut pas faire fortune comme un laïque. Il faut qu’il arrive lentement, par les seules forces de son esprit et de son zèle. Il ne doit pas oublier que la richesse n’est pas son but, et il ne peut la désirer que comme un moyen. Quant à vous, du jour au lendemain, vous êtes libre d’avoir de la fortune. Il ne s’agit que de vous marier.

— Je ne crois pas ! dit d’Alvimar. Les femmes de ce temps corrompu font la fortune de leurs amants plus volontiers que de leurs maris.

— Je l’ai ouï dire, répondit M. Poulain ; mais je sais le remède.