Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/130

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Et, en parlant ainsi, elle défaisait le mouchoir de serpillière bariolée qui retenait ses longs cheveux noirs, et montrait son front, qui ne présentait aucune trace de feu.

Mais elle se le frappa du creux de la main, et aussitôt l’horrible rébus se dessina en blanc sur la peau rougie.

— Mais, reprit elle en relevant la chevelure abondante et douce de Mario, tu peux regarder ce jeune front. S’il eût été marqué comme le mien, la trace ne serait pas encore possible à méconnaître. C’est un front baptisé par un prêtre de ta religion ; l’enfant est instruit dans la foi et dans la langue de ses pères.

Pendant que la Morisque parlait, Lucilio écrivait traduisant, et le marquis lisait à mesure.

— Demandez-lui son histoire, dit-il au muet ; faites-lui savoir que nous portons intérêt à ses malheurs et que nous la prenons sous notre protection.

Il ne fut pas nécessaire que Lucilio écrivit les interruptions de Bois-Doré. Mario, qui parlait aussi facilement l’arabe que le français et le catalan, les traduisait, au fur et à mesure, à sa mère adoptive, avec une remarquable fidélité.

Nous continuerons donc l’entretien de ces quatre personnes, comme si toutes quatre avaient parlé la même langue et comme si Lucilio, prompt à transcrire, n’eût pas été empêché d’en parler une seule.




XVI

La Morisque parla ainsi :

— Mario, mon bien-aimé, dis à ce seigneur bienfaisant