Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/144

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— Eh bien, c’est très-facile. Je suis fort son serviteur, et je me charge de vous faire arriver chez lui sans fatigue ni misère. Or donc, reposez-vous céans et demandez tout ce que vous voudrez. Voyons, Adamas, la mère et l’enfant sont très-propres, et leurs habits de montagne ne sont point trop laids. Mais ils ont là, sur le corps, tout ce qu’ils possèdent ?

— Oui, monsieur, sauf les habits plus mauvais qu’ils portaient hier et ce matin ; ils ont chacun deux chemises et le reste à l’avenant. Mais cette femme lave, raccommode et peigne son enfant tout le temps qu’elle ne marche pas. Voyez comme sa chevelure est bien tenue ! Elle a toutes sortes de secrets arabes pour entretenir la propreté ; elle sait faire des poudres de troëne et des élixirs que je veux apprendre d’elle.

— C’est fort bien vu ; mais songez à lui donner du linge et des étoffes, pour qu’elle soit un peu nippée. Puisqu’elle est adroite, elle en tirera bon parti. Je m’en vais faire un tour de promenade ; après quoi, si elle n’a point de déplaisir à chanter un air de sa nation, avec la guiterne du petit, je serai content d’ouïr leur musique étrangère. Au revoir donc, maître Mario ! Comme vous avez très-civilement parlé, je vous veux donner quelque chose tantôt : comptez que je ne l’oublierai point.

Le gentil Mario baisa la main du marquis, non sans jeter un regard bien expressif sur le petit chien Fleurial, qu’il eût préféré à toutes les richesses de la maison.

Il est vrai de dire que Fleurial était une merveille : des trois cagnots que choyait le marquis, il était le préféré à juste titre, et ne quittait jamais son maître dans la maison. Il était blanc comme neige, touffu comme un manchon, et, contrairement aux mœurs des petits chiens gâtés, il était doux comme un agneau.