Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/145

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Lorsque le marquis eut fait sa promenade accoutumée, parlé avec bonté à ceux de ses vassaux qu’il rencontra, et demandé des nouvelles de ceux qui étaient malades, pour leur envoyer de quoi les réconforter, il rentra et fit appeler Adamas.

— Que donnerai-je donc à ce joli Mario ? lui dit-il. Il faudrait trouver un jouet qui convînt à son âge, et il n’y en a point ici. Hélas ! mon ami, nous voici trois céans, qui commençons à nous faire vieux garçons, maître Jovelin, moi et toi.

— J’y ai songé, monsieur, dit Adamas.

— À quoi, mon vieux serviteur ? au mariage ?

— Non, monsieur : ce n’étant point votre goût, ce n’est pas le mien non plus ; mais j’ai trouvé le jouet pour donner à l’enfant.

— Va le chercher bien vite.

— Voici, monsieur ! dit Adamas en allant prendre l’objet, qu’il avait déposé dans l’embrasure de la fenêtre. Comme j’ai remarqué que l’enfant mourait d’envie d’avoir Fleurial, et que vous ne pouviez pas lui donner Fleurial, je me suis rappelé avoir vu, dans les greniers, plusieurs jouets oubliés depuis longtemps, et, entre autres, ce chien d’étoupe, qui n’est pas trop mangé aux vers et qui ressemble à Fleurial, sauf qu’il est en peau de mouton noir et qu’il n’a plus beaucoup de queue.

— Et sauf mille autres différences qui font qu’il ne lui ressemble pas du tout ! Mais d’où vient donc ce joujou-là, Adamas ?

— Du grenier, monsieur.

— Fort bien ; mais… tu dis qu’il y en a d’autres ?

— Oui, monsieur ; un petit cheval qui n’a plus que trois jambes, un tambour crevé, de petites armes, un reste de donjon crénelé…