Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/185

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

dit d’Alvimar feignant d’être étonné du sérieux avec lequel le marquis lui avait fait cette question.

— Moi ? Mais… oui, un peu, comme tout le monde !

— Personne ne croit plus à ces billevesées !

— Mais si ; j’y crois beaucoup, moi, dit Lauriane. Sorcier, je te prie, si ma destinée est mauvaise, de me laisser un peu de doute, ou de trouver dans ta science le moyen de la conjurer.

— Illustre reine des cœurs, répondit la Flèche, j’obéis à vos ordres. Un grand danger vous menace ; mais si, pendant seulement trois jours, à partir du moment où nous sommes,

        Vous ne donnez point votre cœur,
        Du diable il sera le vainqueur !

— Ne saurais-tu trouver d’autres rimes ? lui cria d’Alvimar. Ton dictionnaire n’est pas riche !

— N’est pas riche qui veut, messire, répondit le bohémien ; et pourtant il y a des gens qui veulent bien fort, si fort qu’ils font tout pour la richesse, au risque de la hache et de la hart !

— Est-ce dans la destinée de ce gentilhomme que tu lis de pareilles choses ? dit Lauriane, qui avait été très-frappée de ce qui la concernait dans l’avertissement du devin, et qui s’efforçait de tourner tout en plaisanterie.

— Peut-être ! dit avec aisance M. d’Alvimar ; on ne sait ce qui peut arriver.

— Mais on peut le savoir ! s’écria la Flèche. Voyons, qui veut le savoir ?

— Personne, dit le marquis, personne, s’il y a du fâcheux dans l’avenir de quelqu’un de nous.

— Vraiment, mon voisin, vous avez la foi ! dit de