Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/190

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— Oui, dit l’enfant en espagnol et en sautillant dans le cercle avec fureur, et je sais tout mieux que toi, mieux que tous les autres. Voilà ! voilà ! voilà ! Je sais, demandez-moi.

— Parlons français, dit La Flèche. Que doit-il arriver au seigneur dont tu tiens le gage ?

C’était celui du marquis.

— Liesse et confort ! dit l’enfant.

— Très-bien ! mais quels ?

— Vengeance ! répondit-elle.

— À moi, vengeance ? dit Bois-Doré : ce n’est point là mon humeur.

— Non certes, ajouta Lauriane en regardant d’Alvimar malgré elle. Le diable se sera trompé de gage.

— Non ! je ne me suis pas trompée, reprit la gnomide.

— Vrai ? dit La Flèche. Si vous en êtes bien sûre, parlez, diablesse ! Vous pensez donc que ce noble seigneur, ici présent, a quelque injure à laver ?

— Dans le sang ! répondit Pilar avec une énergie de tragédienne.

— Hélas ! dit le marquis bas à Lauriane, il n’est sans doute que trop vrai ! Vous savez bien, mon pauvre frère !

Et il dit tout haut :

— Je veux interroger cette petite devineresse moi-même.

— Faites, monseigneur ! répondit La Flèche. Attention, la mouche noire ! et parlez honnêtement à qui vaut mieux que vous !

Le marquis, s’adressant alors à Pilar.

— Voyons, ma pauvre petite, qu’est-ce que j’ai perdu ? dit-il avec douceur.

Elle répondit :

Un fils !