Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/192

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ne désirant point trop qu’on la crût aussi réelle qu’elle l’était.

L’enfant demanda à recommencer ses conjurations pour le dernier gage.

C’était le caillou de d’Alvimar.

Mais, pour l’intelligence de ce qui va suivre, il faut que le lecteur sache ce qui était convenu entre Pilar et son propriétaire, La Flèche.

Ce que La Flèche savait et voulait faire savoir à Bois-Doré, il comptait le faire dire par l’enfant hors de la présence de d’Alvimar.

L’enfant, par caprice et ostentation, ne voulut plus tenir compte de la convention faite entre eux. Elle voulait réciter toute sa leçon, dût-elle en souffrir et dût La Flèche y perdre la vie ou la liberté.

Peut-être aussi ces dangers qu’elle pouvait attirer sur lui, et qu’elle n’ignorait pas, alléchaient-ils ses instincts de haine.

Elle parla donc comme elle l’entendait, en dépit des avertissements et des grimaces de son maître, lequel ne pouvait lui rien dire en espagnol qui ne fût compris de d’Alvimar.

Elle ramassa le caillou, examina les signes qui l’entouraient, fit la mimique du calcul, et dit en espagnol avec une effrayante ardeur à la menace :

— Malheur, mécompte et disgrâce à celui dont le gage est tombé sur l’étoile rouge !

— Bravo ! dit d’Alvimar en riant d’un rire nerveux et forcé ; continuez, sale créature ! Allons, allons, race de chiens, rebut de la terre, dites-nous les arrêts du ciel !

Pilar, irritée par ces injures, devint si sauvage qu’elle