Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/204

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— Et lui, il ne la reconnaît donc pas ?

— Il ne l’a jamais vue, puisqu’elle était cachée !

— L’a-t-elle donc revu quelque part depuis cette méchante affaire ?

— Non, jamais.

— Et, après dix ans passés, elle croit être sûre de le reconnaître ? C’est bien douteux.

— Elle dit qu’elle en est sûre, qu’il n’a presque pas vieilli, qu’il est toujours habillé de noir ; et son vieux domestique, elle est bien sûre aussi que c’est le même. Oh ! elle les avait bien regardés. Quand, il y a trois jours, nous les avons rencontrés auprès d’un autre château qui n’est pas loin d’ici…

— Ah ! oui ! voyons, dit le marquis, conte-nous comment elle l’a rencontré.

— Il était avec un beau et bon jeune seigneur que je vous ai depuis entendu appeler Guillaume en parlant de lui. Celui-là avait donné beaucoup de monnaie aux bohémiens avec qui nous étions.

» Et, tout d’un coup, comme l’Espagnol avait l’air méchant et voulait me frapper, Mercédès m’a dit :

»

— C’est lui ! tiens ! c’est lui ! et l’autre, le vieux valet, c’est lui aussi !

» Et elle a couru après eux pour les voir, jusqu’à ce que M. Guillaume nous ait dit que ça l’ennuyait.

» Alors Mercédès lui a fait demander son nom et celui de son ami, afin, disait-elle, de prier pour eux. Mais M. Guillaume s’est moqué de nous, et les bohémiens ont repris leur route d’un autre côté.

» Alors ma Mercédès les a laissés marcher et m’a dit :

»

— Nous tenons les assassins de ton père, je t’en réponds. Il nous faut savoir leurs noms.