Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/207

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Enfin Adamas se hasarda à formuler la question.

— Monsieur, s’écria-t-il, vous avez en ceci une idée que vous cachez à votre serviteur, et, par là, vous lui rendez votre peine encore plus pesante. Parlez, monsieur, parlez à Adamas comme vous parleriez à votre bonnet ; il ne le redira non plus qu’un bonnet de nuit, et cela vous soulagera d’autant.

— Adamas, répondit Bois-Doré, je crains bien d’être fou ; car il y a, dans cet enfant et dans l’histoire qu’il nous raconte, quelque chose qui me remue plus que de raison. Il faut que tu saches qu’aujourd’hui je me suis fait dire ma destinée par des bohémiens, et qu’il y a eu là dedans des paroles bien obscures, mais qui peuvent tout de même s’expliquer par l’intérêt que je sens pour ce petit malheureux. On m’a dit, entre autres choses étranges, que je serais père avant trois mois, trois semaines ou trois jours. Or, comme je te jure, Adamas, que je ne puis compter sur aucune paternité directe dans un aussi court délai, il est évident que je dois devenir père par adoption. Mais une autre parole de cette prédiction me tourmente davantage : c’est que l’on m’a révélé la mort de mon frère, en la plaçant juste à la même date que la Morisque donne à celle du père de cet enfant. Comment arranger cela ? La magicienne parlait à mots couverts et symboliques, mais elle a dit cette date clairement, en faisant le calcul des années, des mois et des jours qui se sont écoulés depuis. Et moi, en revenant ici, je faisais le même calcul, et je tombais juste sur le quatrième jour après la mort de notre roi Henri. Viens ici, Mario, n’as-tu pas dit quatre jours ?

— Mais, monsieur, observa Adamas, n’avez-vous pas dit vous-même, hier, que la dernière lettre de M. Florimond