Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/226

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lorsque le bohémien regardait cette porte, pouvait-il voir les écussons ?

— Oui, répondit Adamas, les échafauds étaient enlevés, et les maçons occupés ailleurs. Les écussons remis à neuf… Mais j’y songe, maître Jovelin, ce La Flèche devait savoir quelque chose de l’histoire de notre cher enfant puisqu’ils ont voyagé ensemble ?

— Je ne crois pas, répondit Mario ; nous n’en parlions jamais à personne.

— Mais vous en parliez avec Mercédès ? écrivit Lucilio. La Flèche comprend-il l’arabe ?

— Non, il comprend l’espagnol ; mais je parlais toujours arabe avec Mercédès.

— Et, dans la bande de ces bohémiens, n’y avait-il pas d’autres Morisques ?

— Il y avait la petite Pilar, qui comprend l’arabe parce qu’elle est fille d’un Morisque et d’une gitana.

— Alors, écrivit Lucilio au marquis, renoncez à la croyance au merveilleux. La Flèche a voulu exploiter la circonstance. Il savait jusqu’à un certain point l’histoire de Mario ; il a appris la vôtre dans le pays, celle de votre frère disparu il y a dix ans. Il avait volé le cachet. Il a reconnu les armoiries sur l’écusson de la porte. Il avait retenu les dates. Il a deviné, pressenti ou supposé la vérité entière. Il a couru à la Motte pour vous faire sa prédiction, qu’il a apprise par cœur à la petite gitanelle. Ce soir ou demain, il vous apportera le cachet, pensant débrouiller à lui seul le mystère que vous savez maintenant, et recevoir une grosse récompense. C’est un filou et un intrigant, rien de plus.

Il en coûtait au marquis d’admettre des explications si naturelles et si vraisemblables ; pourtant il s’y rendit.

Adamas lutta encore.