Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/265

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» Soyez son témoin, tout indigne qu’il est de vos bontés ; Adamas sera le mien. Je me contenterai de l’assistance de cet honnête homme, puisque en pareille affaire il ne peut être question d’un engagement avec les seconds.

— Certes, s’écria Guillaume ému de la noblesse d’âme du vieillard, il ne se peut voir une conduite plus loyale que la vôtre, mon cousin, et, avec les soupçons que vous avez, vous montrez une générosité peu commune. Mais ces soupçons n’étant pas fondés…

— Il n’est plus question de soupçons, reprit le marquis, puisque vous n’en voulez pas entendre parler ; je provoque un de vos amis, et je pense que vous ne tiendriez point pour tel un homme capable de reculer.

— Non, certes ! s’écria Guillaume ; mais, moi, je ne souffrirai pas ce duel, qui ne convient pas à votre âge, mon cousin ! Je me battrais plutôt en votre place. Tenez, voulez-vous recevoir ma parole ? Je vous la donne de venger en personne la mort de votre frère, si vous venez à bout de démontrer invinciblement que M. d’Alvimar en a été lâchement et méchamment l’auteur. Attendez à demain, et je me porte justicier de notre famille, comme c’est mon devoir envers vous.

Le mouvement de Guillaume était digne de la générosité du marquis ; mais Guillaume, en laissant échapper une allusion à son âge, l’avait singulièrement mortifié.

— Mon cousin, dit-il, revenant à cette puérilité d’esprit qui contrastait si étrangement avec la magnanimité de ses instincts, vous me prenez pour quelque vieux signor Pantaleone, à l’épée rouillée et à la main tremblante. Avant de me renvoyer à la béquille, ayez,