Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/278

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étaient vrais. M. Sciarra-Martinengo aurait été frappé, contre toutes les lois de l’honneur, dans un moment où il demandait à suspendre le combat, son épée s’étant rompue.

Guillaume n’avait pas voulu croire à cette accusation ; mais les révélations de Bois-Doré commençaient à la lui faire regarder comme sérieuse, et il promit de se rendre à Briantes dès le lendemain, pour voir les preuves et pour faire connaissance avec le beau Mario.




XXXIII


À mesure que la conviction entrait dans son esprit, Guillaume redevenait expansif et amical avec le marquis, autant par un sentiment d’équité naturelle que par sa facilité innée à se livrer tout entier à sa dernière impression.

— Par ma foi ! lui disait-il lorsqu’ils furent proches de la ville, vous avez agi en vaillant homme, et le coup que vous lui avez porté de part en part jusqu’à le clouer au gazon, est un des plus beaux coups d’épée dont j’aie ouï parler. Je n’avais jamais vu le pareil, et, quand vous m’aurez prouvé que ce pauvre Sciarra était une aussi grande canaille que vous le dites, je ne serai point fâché d’avoir vu ceci. Si j’eusse été moins peiné, je vous en eusse fait compliment. Mais quelque regret ou contentement que je puisse avoir de cette mort, j’avoue que vous êtes une belle lame, et que je voudrais être de votre force à ce jeu-là.

Nos deux cavaliers étaient déjà sur le pont des Scabinats (aujourd’hui des Cabignats), se dirigeant vers la