Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/290

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

disant que, de votre part, tout devait être preuve de sagesse ou de galanterie.

— Alors, mon ami, il faut nous inquiéter…

— De rien, monsieur, de rien du tout, je vous en conjure. Vous avez assez fait de votre cervelle et de votre épée la nuit dernière ; à quelles fins Dieu eût-il mis le pauvre Adamas sur la terre, si ce n’est pour vous épargner le détail des choses faciles ?

— Hélas ? mon ami, il ne sera point facile, même point possible, en si peu de temps, de rendre mon héritier présentable !

— Vous croyez, monsieur ? dit Adamas avec un indescriptible sourire de satisfaction. Je voudrais bien voir qu’une chose que vous souhaitez ne fût point possible ! Oui, vraiment, là ! je le voudrais voir ! Mais permettez, monsieur, que je vous demande comment je dois faire annoncer votre héritier, lorsqu’il fera son entrée au salon de compagnie.

— Voilà qui est fort grave, mon ami ; j’avais déjà songé au nom et au titre que doit porter ce cher enfant. Son père, pas plus que le mien, n’était de qualité ; mais, comme je veux, par un acte, et, s’il le faut, avec la permission du roi, le faire succéder à mon titre, ainsi qu’à mes biens, je crois bien pouvoir, par anticipation, le qualifier de la manière que le serait mon propre fils. Ainsi on doit l’appeler, en ma maison, monsieur le comte.

— Ceci n’est pas douteux, monsieur ! Mais le nom ?

Voulez-vous traiter de simple Bouron ce pauvre enfant qui mérite si bien de porter un nom plus illustre ?

— Sachez, Adamas, que je ne rougis pas du nom de mon père, et que ce nom, porté par mon frère, me sera toujours cher. Mais, comme je tiens encore plus à celui