Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/292

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songerai ! Ne pensez qu’à vous embellir et à vous réjouir aujourd’hui.

— Je le veux bien. Mais quel habit me donnes-tu là, mon ami !

— Votre habit à la paysanne, monsieur ; c’est un des plus galants que vous ayez.

— C’est même, je crois, le plus galant ; et il m’en coûte de me faire si brave, quand mon pauvre Mario…

— Monsieur, monsieur ! laissez-moi faire ; notre Mario sera fort convenable.

L’habit à la paysanne du marquis était tout en velours et satin blanc, avec une profusion de galons d’argent et de dentelles magnifiques.

Le blanc étant alors la couleur des paysans, qui, en toute saison, étaient vêtus de toile ou de grosse futaine, dès qu’on se mettait tout en blanc, on se disait habillé à la paysanne, et c’était une mode des plus recherchées.

Le marquis était certes fort plaisant en cet équipage ; mais on était si habitué à le voir déguisé en jeune homme, il était, de la tête aux pieds, orné de si belles choses et de si curieux joyaux, ses parfums étaient si exquis, et, malgré tout, il y avait tant de noblesse dans ses vieilles grâces et de bonté aimable dans ses façons, que, si on l’eût vu tout à coup sérieux et arrangé selon son âge, on eût regretté l’amusement qu’il donnait aux yeux et le contentement qu’il savait donner à l’esprit.

Vers deux heures, un galopin habillé à l’ancienne mode féodale pour la circonstance, et placé dans l’échauguette de la tour d’entrée, sonna d’un vieux olifant pour annoncer l’approche d’une cavalcade.

Le marquis, accompagné de Lucilio, se rendit à cette tour pour recevoir la dame de ses pensées : il eût bien voulu voir son héritier avec lui ; mais Mario était dans