Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/301

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donc plus de rien jusqu’à ce que Mario soit en âge d’éprouver quelque affection pour moi, si cet heureux jour doit arriver. En attendant, je tâcherai de prendre patience, et nous resterons amis.

Bois-Doré, enchanté de cette conclusion, baisait avec effusion la main de l’aimable Lauriane, lorsqu’une effroyable pétarade fit trembler les vitres et tressauter tous les hôtes du manoir.

On courut aux fenêtres. C’était Adamas qui faisait rage de tous les fauconneaux, arquebuses et pistolets de son petit arsenal.

En même temps on vit entrer dans le préau tous les habitants du bourg et tous les vassaux du marquis, criant à se fendre la mâchoire, de concert avec tous les employés et serviteurs de la maison :

— Vive M. le marquis ! vive M. le comte !

Ces bonnes gens obéissaient, de confiance à un mot d’ordre donné par Aristandre, sans savoir de quoi il était question ; mais ce qu’ils savaient bien, c’est qu’ils n’étaient jamais mandés au château sans qu’il retournât de quelque largesse ou régal, et ils y venaient sans se faire prier.

On ouvrit les fenêtres du salon de compagnie pour entendre le discours, en forme de proclamation, que débitait Adamas à cette nombreuse assistance.

Debout sur le puits, qu’il avait fait couvrir, afin de se livrer sans danger à une pantomime animée, l’heureux Adamas improvisait le morceau d’éloquence le plus étourdissant qu’eût jamais produit sa faconde gasconne et lancé aux échos sa voix claire, aux inflexions toutes méridionales. Sa gesticulation n’était pas moins étrange que sa diction.

Quant à la rédaction de ce chef-d’œuvre, il est à regretter