Page:Sand - Les Beaux Messieurs de Bois-Dore vol1.djvu/69

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Seuilly, et le pont-levis, en se relevant derrière la cavalcade, aux joyeux aboiements des chiens de garde qu’on lâchait dans le préau, compléta un vacarme qui fut entendu jusqu’au hameau de Champillé, à un bon quart de lieue de distance.

D’Alvimar crut devoir adresser à Bois-Doré quelques louanges sur son beau carrosse, objet de luxe et de confort encore peu répandu dans les campagnes, et qui, dans le pays particulièrement, passait pour une merveille.

— Je ne m’attendais pas, dit-il, à trouver au fond du Berry les aises des grandes villes, et je vois, monsieur le marquis, que vous menez ici la vie d’un homme de qualité.

Rien ne pouvait être plus flatteur pour le marquis que cette dernière expression. Simple gentilhomme, il n’était pas, il ne pouvait pas être, malgré son titre, homme de qualité.

Son marquisat était une petite ferme du Beauvoisis qu’il ne possédait même pas.

Dans un jour de fatigue et de danger, Henri IV, arrivant avec lui et une très-petite escorte dans cette ferme, où le hasard de la guerre de partisans les avait forcés de faire halte, et qu’ils trouvèrent déserte et abandonnée, courait grand risque de ne point déjeuner du tout, lorsque M. Sylvain, qui était l’homme de ressources dans ces sortes d’aventures, avait découvert, dans un buisson, quelques volailles oubliées et devenues sauvages. Le Béarnais s’était donné le plaisir de cette chasse, et Sylvain s’était chargé de faire cuire à point le gibier.

Ce festin inespéré avait mis le roi de Navarre en belle humeur, et il avait donné la ferme à son bon compagnon, l’érigeant en marquisat, de par son bon plaisir,