Page:Sand - Les Dames vertes, 1879.djvu/116

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Je doutai un instant du témoignage de mes yeux ; mais cela devint si distinct, si évident, que je fus persuadé bientôt de voir un être réel, et que je n’éprouvai aucun sentiment de terreur, ni même de très-grande surprise.

L’image vivante de la néréide descendait, comme en voltigeant, les plans inégaux du monument. Ses mouvements avaient une aisance et une grâce idéales. Elle n’était pas beaucoup plus grande qu’une femme réelle, bien que l’élégance de ses proportions lui conservât ce cachet de beauté exceptionnelle qui m’avait effrayé dans la statue ; mais je n’éprouvais plus rien de semblable, et mon admiration tenait de l’extase. Je lui tendais les bras pour la saisir, car il me semblait qu’elle allait s’élancer jusqu’à moi en franchissant un escarpement de cinq à six pieds qui nous séparait encore.

Je me trompais. Elle s’arrêta sur le bord de la rocaille et me fit signe de m’éloigner.