Page:Sand - Les Dames vertes, 1879.djvu/120

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de sa voix était surnaturel comme sa beauté et en complétait le prestige.

Je l’écoutais comme une musique, sans chercher à ses paroles un sens déterminé.

Enfin, je fis un effort pour secouer cette ivresse, et j’entendis qu’elle me demandait si je la voyais. Je ne sais pas ce que je lui répondis, car elle ajouta :

— Sous quelle apparence me vois-tu ?

Et je remarquai seulement alors qu’elle me tutoyait.

Je me sentis entraîné à lui répondre de même ; car, si elle me parlait en reine, je lui parlais, moi, comme à la Divinité.

— Je te vois, lui dis-je, comme un être auquel rien ne peut être comparé sur la terre.

Il me sembla qu’elle rougissait ; car mes yeux s’étaient habitués à la lueur vert de mer dont elle semblait baignée. Je la voyais blanche comme un lis, avec les fraîches couleurs de la jeunesse