Page:Sand - Les Dames vertes, 1879.djvu/133

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rassée du fameux souper aux trois pains, et, pour m’efforcer de ressaisir l’ivresse de ma vision, dont je craignais d’oublier quelque chose, je me mis à en écrire la relation fidèle, telle qu’on vient de la lire.

Je demeurai dans cette agitation mêlée d’extase jusqu’après le lever du soleil. Je m’assoupis un peu, les coudes sur ma table et crus refaire mon rêve ; mais il m’échappa bien vite et Baptiste vint m’arracher à la solitude où j’aurais dès lors voulu achever ma vie.

Je m’arrangeai de manière à ne descendre qu’au moment où l’on devait se mettre à table. Je ne m’étais pas encore demandé comment je rendrais compte de la vision ; j’y songeai en faisant semblant de déjeuner, car je ne mangeai pas, et, sans me sentir fatigué ni malade, j’éprouvais un invincible dégoût pour les fonctions de la vie animale.

La douairière, qui ne voyait pas très-bien, ne