Page:Sand - Les Dames vertes, 1879.djvu/158

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qui en était dépositaire à le tenir caché pendant trois ans, et de s’être hâté de mobiliser l’héritage pour échapper en partie aux conséquences de l’avenir. Il y avait donc, en outre du fond de l’affaire, discussion sur la valeur réelle de l’immeuble, exagérée en plus et en moins par les deux parties, dans les débats antérieurs à l’intervention de mon père dans le procès.

Nous causions ensemble sur ce dernier point, mon père et moi, et nous n’étions pas tout à fait d’accord, lorsque Baptiste nous annonça la visite de M. d’Aillane fils, capitaine au régiment de ***.

Bernard d’Aillane était un beau garçon, de mon âge à peu près, fier, vif et plein de franchise. Il s’exprima très-poliment, faisant appel à notre honneur en homme qui en connaissait la rigidité ; mais, à la fin de son exorde, emporté par la vivacité de son naturel, il laissa percer une menace fort claire contre moi, pour le cas où, dans ma plaidoirie, je viendrais à exprimer