Page:Sand - Les Dames vertes, 1879.djvu/194

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

venir que j’avais prononcé, dans le secret de mon âme, une sorte de vœu monastique qui me consacrait au culte de l’insaisissable idéal.

Elle me parla avec abandon des chagrins et des joies de sa famille, du rôle que j’avais joué dans les péripéties de ces derniers temps, et de la reconnaissance qu’elle croyait me devoir pour la manière dont j’avais parlé à Bernard de l’honneur de leur père.

— Vous savez donc toutes ces choses ? lui dis-je avec attendrissement. Vous devez apprécier tout ce qu’il m’en coûtait d’avoir à vous combattre !

— Je sais tout, me dit-elle, et même le duel que vous avez failli avoir avec mon frère. Hélas ! tout le tort était de son côté ; mais il est de ceux qui se relèvent meilleurs après une faute, et c’est de là que date son estime pour vous. Il tarde à mon père, que ses affaires ont retenu à Paris tous ces temps-ci, mais qui sera ici bientôt, de