Page:Sand - Les Dames vertes, 1879.djvu/24

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qui m’avait été servi dans ma chambre, près de la cheminée, et les trois pains m’apparurent dans une mystérieuse symétrie.

Ils étaient passablement gros et placés au centre du plateau de laque, dans une jolie corbeille de vieux saxe, avec une belle salière d’argent au milieu, et trois serviettes damassées à l’entour.

— Que diable y a-t-il dans l’arrangement de cette corbeille ? me demandai-je, et pourquoi cet accessoire vulgaire de mon souper, le pain, a-t-il tant tourmenté ma vieille hôtesse ? Pourquoi trois pains si expressément recommandés ? Pourquoi pas quatre, pourquoi pas dix, si l’on me prend pour un ogre ? Et, au fait, voilà un très-copieux ambigu, et des flacons de vin avec des étiquettes qui promettent beaucoup ; mais pourquoi trois carafes d’eau ? Voilà qui redevient mystérieux et bizarre. Cette bonne vieille comtesse s’imagine-t-elle que je suis triple,