Page:Sand - Les Dames vertes, 1879.djvu/34

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nis, d’un manuscrit daté de 1650, et rédigé par un ancien chapelain du château :

« C’est de fait que j’ai ouï raconter, dans ma jeunesse, comme quoi le château d’Ionis fut hanté par des esprits, au nombre de trois, et montrant l’apparence de dames richement habillées, lesquelles, sans menacer personne, paraissaient chercher quelque chose dans les chambres et offices de la maison. Les messes et prières dites à leur intention ne les ayant pu empêcher de revenir, on s’imagina de faire bénir trois pains blancs et de les mettre en la chambre où les demoiselles d’Ionis avaient décédé. Cette nuit-là, elles vinrent sans faire de bruit ni effrayer personne de leur vue, et on trouva, le lendemain, qu’elles avaient comme grignoté les pains, à la manière des souris, mais n’en avaient rien emporté ; et, la nuit suivante, elles recommencèrent à se plaindre et faire crier les huis et grincer les targettes. C’est pourquoi on ima-