Page:Sand - Les Dames vertes, 1879.djvu/39

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de la douairière, les trois pains cabalistiques devaient rester intacts, il était naturel qu’on en eût consacré un à la satisfaction de mon appétit. Je goûtai les vins et les trouvai d’une si bonne qualité que je fis généreusement aux fantômes le sacrifice de ne pas entamer une seule des carafes d’eau qui leur étaient destinées.

Et, tout en mangeant avec grand plaisir, je me mis enfin à songer à cette chronique, et à me demander comment je raconterais les prodiges que je ne pouvais me dispenser d’avoir vus. Je regrettais que Zéphyrine ne m’eût pas donné plus de détails sur les fantaisies présumées des trois mortes. L’extrait du manuscrit de 1650 n’était pas assez explicite : ces dames devaient-elles attendre que je fusse endormi pour venir, comme des souris, grignoter sur ma table les pains dont on les savait si friandes ? ou bien allaient-elles m’apparaître d’un moment à l’autre, et s’asseoir, l’une à ma gauche, la se-