Page:Sand - Les Dames vertes, 1879.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

si rien ne respirait sous cette sorte de linceul. J’attendis quelques instants qui me parurent un siècle. Je sentis que je perdais le sang-froid dont je m’étais armé. Je m’agitai sur mon lit ; j’eus la pensée de fuir je ne sais où. J’y résistai. Je passai la main sur mes yeux, puis je l’avançai résolument pour saisir le spectre par les plis de ce vêtement si visible et si bien éclairé : je ne touchai que le vide. Je m’élançai sur le fauteuil : c’était un fauteuil vide. Toute clarté et toute vision avaient disparu. Je recommençai à parcourir la chambre et les autres pièces. Comme la première fois, je les trouvai désertes. Bien certain de n’avoir, cette fois, ni rêvé ni dormi, je restai levé jusqu’au jour, qui ne tarda pas à paraître.

On a beaucoup étudié, depuis quelques années, les phénomènes de l’hallucination ; on les a observés et caractérisés. Des hommes de science en ont fait l’analyse sur eux-mêmes. J’ai vu même des femmes délicates et nerveuses en subir les