Page:Sand - Les Dames vertes, 1879.djvu/77

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qui n’étaient pour lui qu’accessoires. C’était une pensée très-sage ; mais il n’avait pas prévu et je n’avais pas prévu moi-même que je partagerais si vivement les idées de madame d’Ionis. J’étais dans l’âge où la richesse matérielle n’a aucun prix dans l’imagination ; c’est l’âge de la richesse du cœur.

Et puis cette femme qui faisait sur moi l’effet de l’étincelle sur la poudre ; ce mari haïssable, absent, condamné par les médecins ; la médiocrité dont on la menaçait et à laquelle elle tendait les bras en riant… que sais-je !

J’étais fils unique, mon père avait quelque fortune, je pouvais en acquérir aussi. Je n’étais qu’un bourgeois anobli dans le passé par l’échevinage, et, dans le présent, par la considération attachée au talent et à la probité ; mais on était en pleine philosophie, et, sans se croire à la veille d’une révolution radicale, on pouvait déjà admettre l’idée d’une femme de qualité ruinée,