Page:Sand - Les Dames vertes, 1879.djvu/87

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mon sommeil ; et, quand vint le moment de rentrer, à onze heures du soir, dans cette fatale chambre, je promis fort gaiement à la douairière de garder bonne note de mes songes et pris congé de la compagnie d’un air vaillant et enjoué.

Je n’étais pourtant ni l’un ni l’autre. La présence de l’abbé, le souper et la veillée sous les yeux de la douairière avaient rendu madame d’Ionis plus réservée qu’elle ne l’avait été avec moi dans la matinée. Elle semblait aussi me dire dans chaque allusion à notre soudaine et cordiale intimité : « Vous savez à quel prix je vous l’ai accordée ! » J’étais mécontent de moi : je n’avais su être ni assez soumis ni assez en révolte. Il me semblait avoir trahi la mission que mon père m’avait confiée, et cela sans profit pour mes chimères d’amour.

Ma mélancolie intérieure réagissait sur mes impressions, et mon bel appartement me sembla