Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/106

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cloutée, qui tournait bien sur ses gonds, et je me retrouvai dans la partie de l’espélunque que j’avais jadis parcourue.

— Ici, me dit-elle, le passage cesse d’être mystérieux, bien qu’il soit exclusivement réservé à M. de Salcède ; nous sommes sur ou plutôt sous ses terres. Marchons plus vite, Charles ; il n’y a aucun danger et aucun obstacle jusqu’à une autre grosse porte, vers laquelle nous nous dirigeons.

Je me reconnaissais parfaitement, et nous arrivâmes à la porte du caveau, situé à la base de la construction du Refuge. Elle était fermée.

— Sonnons, dit madame de Flamarande.

Elle éleva le bras et toucha un bouton dont j’avais ignoré l’existence. Aussitôt la porte s’ouvrit, et, avant que nous eussions gravi l’escalier de bois, la trappe du salon fut levée. M. de Salcède, qui croyait ouvrir à Espérance, fut très-surpris de nous voir.

— J’ai à vous parler, lui dit la comtesse ; êtes-vous seul ?

— Oui, répondit-il, mais montez à ma chambre, car Espérance couche ici, et il peut rentrer plus tôt que je ne l’attends.

Nous montâmes à ce grand cabinet de travail que je connaissais si bien et où toutes choses étaient comme je les avais vues douze ans auparavant. J’avoue qu’en regardant le bureau de chêne dont j’avais violé le secret, j’éprouvai un grand malaise.