Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/110

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j’avais soumise à la comtesse. En assignant à Espérance l’âge de vingt-trois ans, on écartait de lui l’idée d’adultère.

Le mot prononcé en présence du marquis fit rougir la comtesse, et je vis Salcède réprimer un léger frisson.

— Vous avez raison, me dit-il, je lui dirai qu’il a vingt-trois ans. — À présent, ajouta-t-il en s’adressant à madame de Flamarande, êtes-vous rassurée ? Espérance va savoir dans une heure qu’il peut prétendre à une noble et riche héritière. Il choisira entre le rêve champêtre et le rêve doré.

— Mais s’il persiste à épouser Charlotte ?

— Ne préjugeons rien : nous n’avons pas le temps de nous livrer aux hypothèses. Quelle que soit la décision de notre cher enfant, j’obtiendrai facilement de son respect pour vous et de son amitié pour moi qu’il ajourne sa réponse au dilemme que je vais lui poser. Je ferai plus, je ne lui permettrai pas de me répondre avant qu’il ait pris huit jours de réflexion.

— Huit jours, c’est bien peu pour une pareille affaire !

— Huit jours, c’est beaucoup après un attachement de toute la vie.

— Monsieur de Salcède, au fond, je l’ai bien vu, et je le vois, vous êtes favorable à ce mariage.

— Oui, madame, mais je ne ferai rien, je vous