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XII


Espérance rentrait, apportant sur une grande corbeille plate le souper de Roger. J’avoue que, malgré la gravité de la situation, je ne pus me défendre de rire. Comme il était très-soigneux de la propreté de ses vêtements, il ne touchait point aux plats sans mettre un tablier, et, en le lui attachant, Suzanne avait trouvé joli de lui faire, avec les larges rubans de fil, une belle rosette sur l’estomac. Roger en rit franchement et lui demanda si c’était Charlotte qui l’avait ainsi décoré.

— Non, répondit-il, Charlotte est au donjon pour servir madame la comtesse. C’est ma mère Suzanne qui ne me trouvait pas assez beau pour servir M. le comte. Elle voulait me faire mettre des gants.

— Des gants ? dit Roger.

— Oui, elle a vu, au premier voyage que votre père et votre mère ont fait ici dans les temps, leurs domestiques les servir avec des gants de coton blanc.