Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/147

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

épaules pour le faire asseoir. Monsieur prend-il son café ?

— Il faut donc que je fasse votre personnage ?

— Oui, réponds-moi comme je te répondrais ; il faut surtout me tutoyer.

— Eh bien, donne-moi du café.

— Voilà, monsieur, voilà ! dit Roger imitant l’intonation d’un garçon de café.

— Ce n’est pas cela du tout, reprit Espérance en riant. J’aurais dit : « En v’là, mon maître. »

— C’est juste. En v’là, mon maître ! Mais toi, prends donc la tasse que je te présente.

— Eh bien, et vous ?

— Il faut dire toi.

— Eh bien, et toi ?

— M. le comte ne m’a pas invité à m’asseoir auprès de lui, dit Roger.

— Je t’invite, répondit Gaston. Allons, est-ce fini, la comédie ?

Il voulut se relever, Roger le retint et s’assit à sa droite en disant :

— Allons, à table et trinquons !

— Avec nos tasses ?

— Avec n’importe quoi ; ôte donc ça, ajouta-t-il en lui retirant ses gants de coton et en les jetant dans le feu. Nous voilà égaux, sauf que je suis le plus jeune. À présent, causons comme deux amis. J’ai à te demander pardon de t’avoir laissé faire le