Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/154

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là, et je me suis dit que je ne devais pas laisser parler contre la vérité. Je ne crois point que ce soit l’idée de M. Charles ; mais, comme je ne connais point ou presque point votre M. Ferras, je veux savoir, moi aussi, ce qu’il a pu vous dire, si vous voulez bien le permettre à un vieux, fidèle comme un vieux chien, et qui est fier d’avoir l’estime de votre mère.

— Asseyez-vous là, mon brave, dit Roger en lui serrant la main. Je vous connais plus que vous ne pensez, et je sais que vous ne mentirez pas, vous ! Écoutez donc ce que j’ai à dire.

— Pas ici, monsieur le comte, dit Ambroise, je connais les êtres ! j’ai assez fait le maçon pour ça. Dans votre chambre, vous pouvez tout dire ; ici, non. Si quelqu’un entrait dans la cuisine, ou si un autre que moi y eût été tout à l’heure…

— Vous avez raison, dit Roger en prenant un des flambeaux.

Je pris l’autre, et nous passâmes dans la chambre à coucher, où j’avais fait bon feu. Roger plaça un fauteuil tout près, força Ambroise, qui était très-pâle, à s’y asseoir, et lui jeta sur les épaules le couvre-pieds de son lit. Gaston paraissait au supplice, mais il ne pouvait se soustraire à l’explication et semblait encore plus inquiet depuis l’apparition inattendue d’Ambroise.

— Voici ce qui s’est passé, dit Roger, et c’est si simple, si naturel, que je ne comprends pas que personne