Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/179

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immaculé de la personne sacrée dont nous parlons ! Permettez-moi d’en être surpris après la confiance dont elle vous a si longtemps honoré.

— M. le marquis ne peut-il supposer, répondis-je, que cette confiance a été entière ?

Ce fut une parole irréfléchie et malheureuse, contraire à la franchise et qui m’entraîna dans un abîme.

— Vous en avez menti ! s’écria M. de Salcède. Vous croyez me surprendre et m’arracher l’aveu de quelque honteux secret. Vous mentez lâchement ! Jamais madame de Flamarande ne vous a dit ce que vous donnez à entendre, parce qu’elle ne pouvait pas le dire, parce que ce serait un outrage gratuit à la vérité, parce qu’en s’accusant d’une faute, elle m’accuserait d’un crime !

Je me levai à mon tour ; mon esprit égaré faisait fausse route. M. de Salcède faisait allusion au crime de trahison envers son ami. Je m’imaginai qu’il se défendait d’avoir surpris et violenté la femme qu’il aimait éperdument.

— Madame de Flamarande ne vous accuse de rien, lui dis-je ; c’est moi seul qui vous accuse, puisque vous m’y forcez ! Vous vous défendez d’avoir commis un attentat dans le feu de la jeunesse… Eh bien, vous avez tort, monsieur le marquis, vous feriez mieux d’avouer ou de feindre d’avouer, au moins devant moi, que vous avez surpris dans son sommeil une jeune femme, une en-