Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/198

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moi, car c’est envers moi seul que vous avez été gravement coupable, j’ai encore confiance en vous et je vous rends à vous-même. Le seul remède à l’humiliation que vous subissez vis-à-vis de moi, c’est de vous réhabiliter complétement dans mon estime. Je vous en offre le moyen en vous jurant que vous pouvez rester attaché à la famille de Flamarande, puisque aucune révélation, aucun avertissement de ma part ne vous ôtera la confiance dont vous y jouissez.

— Je crois à votre parole, monsieur le marquis, mais j’ignore si je pourrai profiter de votre générosité ; je ne le crois pas dans l’état d’accablement où je suis. Pourtant je ne veux pas vous quitter sans vous restituer, à vous et à M. le comte Gaston de Flamarande, deux pièces essentielles. Voici d’abord le véritable autographe que je vous avais dérobé ; en second lieu, voici la déclaration de M. le comte Adalbert de Flamarande, donnant acte des droits légitimes de Gaston par l’explication des motifs de son exil. J’ai menti à madame la comtesse en lui disant que son mari m’avait repris cette pièce. Je craignais alors de mettre cette dernière ressource au service du mensonge, mais j’ai menti également au comte mourant en lui disant qu’elle avait été anéantie, voulant cette fois me réserver le droit de proclamer la vérité, si elle venait détruire mes fâcheuses suppositions.

— Merci, Charles ! dit le marquis en reprenant