Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/250

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d’avoir au moins de temps en temps des nouvelles de la famille de Flamarande. Je pensais qu’on avait vaincu la résistance de Gaston, et qu’on avait dû l’emmener à Paris pour régulariser sa nouvelle situation. Je pris une voiture pour me rendre par la grande route à Montesparre. Mon état maladif ne me permit pas de faire ce long détour en une journée. Enfin j’arrivai à Montesparre cinq jours après avoir quitté Flamarande. Je savais que la baronne avait l’intention, quelle que fût l’issue des événements de la famille Flamarande, de rester en Auvergne jusqu’à l’hiver. Je me fis descendre à une entrée du parc qui donnait sur la route, très en avant de la maison. J’étais dans un état nerveux que le mouvement de la voiture rendait insupportable ; je ne voulais pas me présenter malade, je comptais qu’un peu de marche sous les ombrages du parc me remettrait. Il n’en fut rien, je me sentis défaillir, et je fus forcé de m’asseoir sur un banc qui s’offrit devant moi. Je crus entendre parler à deux pas de moi ; j’étais si faible que tout m’était indifférent, je ne me rendais même pas compte du son des voix et du sens des paroles ; cependant je reconnus que mesdames de Flamarande et de Montesparre causaient avec animation derrière moi en marchant sur un sentier en terrasse au-dessus de celui où je me trouvais abrité par des massifs de lilas et d’acacias. Je me levai aussitôt pour m’éloigner, mais je craignis d’être vu, et, puisque je fuyais le con-