Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/271

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Ils se sont mariés au bout de l’année que Charlotte avait assignée à l’épreuve de son fiancé. Il a vu Paris, il en est revenu plus épris d’elle et de la vie rustique qu’auparavant. Madame de Flamarande et Roger sont venus assister au double mariage, car, le même jour, le marquis de Salcède a épousé dans la chapelle de Flamarande l’heureuse Berthe de Montesparre.

Ce jour-là, madame de Flamarande me parut illuminée d’une beauté surprenante. La conscience d’avoir tout sacrifié à l’amour maternel et au bonheur d’une amie dévouée avait mis sur son visage une sorte de rayonnement dont je fus profondément frappé.

— La conscience, me disais-je en soupirant, voilà une forteresse, un sanctuaire dont le faîte touche au ciel !

Salcède comprit comme moi et mieux que moi peut-être l’effort de cette grande âme et ne voulut pas rester au-dessous d’elle. Son union avec madame Berthe, que le bonheur a rajeunie de dix ans, a été sans nuages.

Il n’a pas bâti de château, sa femme a trouvé que le Refuge était une retraite exquise et qu’il ne fallait pas toucher au paysage inculte et désert qui l’entoure. Elle a partagé tous ses goûts, toutes ses idées.

Il s’est rendu acquéreur de toutes les montagnes et forêts environnantes et n’a point changé