Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/38

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que cet article n’eût pas à figurer sur mes comptes.

Après cet entretien, il se sentit plus mal et demanda le prêtre. Quand il se retrouva seul avec moi, il me dit :

— Je ne puis plus rien écrire, mais je vous charge de dire à ma femme qu’à l’article de la mort je lui pardonne tout. Il se peut qu’elle feigne de dédaigner mon pardon, car elle a la prétention d’être l’offensée. N’importe, c’est mon devoir, je l’accomplis.

— Mais M. le comte ne va pas jusqu’à reconnaître Gaston ?

— Non certes ! Dieu ne me commande pas le mensonge !

Ce fut sa dernière parole. Il tomba dans un profond assoupissement et mourut dans la nuit. Je trouvai sous son oreiller un papier à mon adresse. Il me faisait un don en banknotes de cent mille francs et me chargeait de porter son corps embaumé à Flamarande, afin qu’il fût déposé à côté des restes de ses parents. Il déclarait n’avoir pas fait de testament, la loi protégeant suffisamment son héritage.

Je télégraphiai à madame de Flamarande et à Roger mon départ pour la France et pour Flamarande aussitôt que les tristes soins que j’avais à prendre me permettraient de quitter Londres. Je confiai les intérêts de la succession aux magistrats compétents. La femme illégitime quitta l’hôtel sans