Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/45

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crime de votre sollicitude pour Roger. Loin de là, je vous en suis reconnaissante, bien que je ne puisse rien décider encore. Il faudra tenir conseil, car l’avis de madame de Montesparre est bon à prendre aussi ; je vous promets, Charles, que vous serez consulté et que nous aurons de grands égards pour votre opinion ; mais doublons le pas, mon ami, il me semble que nous allons trouver Roger à Flamarande !

Je n’espérais pas que Roger pût arriver avant le lendemain. Madame de Montesparre, qui avait été prévenue par télégramme, était déjà rendue au manoir. Elle vint au-devant de nous avec les Michelin et Ambroise. Ni Gaston, ni Roger, ni Salcède, n’étaient là. On avait préparé le donjon pour les deux dames et leurs femmes. Il y avait de bons lits tout neufs, des meubles, que je reconnus pour les avoir vus au Refuge, des tapis, du feu de genévrier dans les cheminées pour bien assainir l’air. M. de Salcède avait dû veiller à tout. On avait dressé dans la chapelle un catafalque de cyprès pour recevoir le cercueil. Le curé de Saint-Julien l’attendait pour lui dire des prières. Le service et la descente dans le caveau devaient avoir lieu le lendemain. M. de Salcède avait-il présidé aussi à ces préparatifs ? faisait-il à son rival les honneurs du sanctuaire de Flamarande ?

Quand tout fut installé, je me rendis à l’invitation des Michelin, qui ne voulaient pas dîner sans moi,