Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/47

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fant appartenait à M. le comte à l’insu de sa femme ; mais, quand les recherches auxquelles M. Alphonse m’a employé m’ont fait savoir les affaires de Sévines, j’ai compris pourquoi vous aviez eu tant de tristesse et de tourment ici, jusqu’à en être malade. Vous aviez parlé dans la fièvre, monsieur Charles, vous m’aviez dit votre secret, croyant parler tantôt à M. le comte, tantôt à madame. « C’est votre fils, disiez-vous ; madame est innocente, je le jure ! ne le tuez pas, ce pauvre enfant ; donnez-le-moi, j’en aurai bien soin, je l’emporterai bien loin, et vous ne le reverrez jamais ! » Et, quand vous pensiez parler à la comtesse, vous lui juriez de lui rendre son enfant dès que vous l’auriez mis hors de danger. Alors j’en ai su plus long que tout le monde sur l’enfant, et c’est comme cela qu’il a été retrouvé. C’est moi qui ai fait savoir que vous l’aviez emmené pour le sauver, et que, si vous le cachiez à la mère, c’était pour ne pas augmenter le danger. Si j’avais voulu vous faire parler dans ce temps-là, vous n’auriez pas demandé mieux ; mais je ne voulais pas vous mettre dans des embarras avec votre maître, et il valait mieux pour l’enfant que le comte n’eût point méfiance de vous.

Je demandai alors à Ambroise ce qu’il pensait des amours d’Espérance et de Charlotte.

— Comment savez-vous ça ? me dit-il.

— Je le sais par madame, à qui M. Alphonse l’a dit.

— Ah !… Eh bien, je pense qu’il y aura du cha-