Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/52

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sans arrière-pensée. Elle avait beaucoup souffert, et, pour surcroît de douleur, elle avait perdu son fils. Ses beaux yeux bleus avaient pleuré, on le voyait bien ; mais sa générosité l’avait soutenue. Je trouvai en elle un charme que je ne lui avais pas connu et qui ennoblissait singulièrement l’expression de sa figure.

Quand M. de Salcède eut écrit deux pages, il les remit à madame de Montesparre, qui prit la parole et dit :

— Hélène Hurst, Charles Louvier, Ambroise Yvoine, vous êtes, avec nous trois ici présents, et l’abbé Ferras, qui sera demain ici, les seuls confidents d’un secret duquel dépend l’avenir d’une mère et de ses deux enfants. Il s’agit de savoir si vous devez continuer à garder ce secret le reste de votre vie, ou si, de concert avec nous, vous devez le rompre. Veuillez nous dire séparément si, au cas où nous serions décidés à le garder, vous prendriez sans regret et sans scrupule aucun l’engagement de le garder aussi.

Hélène Hurst parla la première.

— Je promets les yeux fermés, dit-elle, de me conformer aux intentions de ma chère maîtresse, quelles qu’elles soient.

— À vous, Charles, me dit la comtesse.

Je n’hésitai pas à promettre le secret, et j’ajoutai que je le regardais comme nécessaire, sauf à m’expliquer, si on le désirait.