Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/58

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toi, — j’ai thésaurisé. Gaston sera mon héritier, il ne trouvera pas de dettes et n’aura à partager avec personne. Si madame de Flamarande veut bien y consentir, je donne suite et fin aux démarches que j’ai déjà faites, non pour le reconnaître, je n’ai pas ce droit-là, mais pour l’adopter, comme la loi m’y autorise.

— C’est différent, répliqua Ambroise. Pourtant le nom… Les nobles tiennent au nom !

— Tu sais bien que M. Alphonse a toujours été le marquis de Salcède, et j’ajouterai, si cela te touche, que mon père était grand d’Espagne de première classe.

— Je ne sais pas ce que c’est, reprit Ambroise, et ça m’est égal. Du moment que mon gars Espérance sera aussi bien partagé que son frère, je ne dis plus rien et je lève la main en promesse de ne dire jamais un mot ni à lui ni aux autres.

Ainsi se termina la conférence. Nous étions tous contents, sauf la pauvre madame, qui paraissait accablée et qui nous serra la main en silence avec ses grands yeux pleins de larmes. Je me retirais avec Yvoine lorsque je me sentis toucher légèrement l’épaule dans l’obscurité, et, me retournant, je vis une femme qui me faisait signe de la suivre. Je crus que c’était Hélène qui avait quelque chose à me demander pour le service de madame. Je la suivis vers le donjon ; mais là elle s’arrêta et me dit tout bas :