Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/67

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— J’avais besoin de remercier Dieu… et mon père !

— Ton père ?… tu le connais donc ?

— Non, je ne le connaîtrai jamais.

— Pourquoi ?

— Parce que je ne veux pas le connaître.

— Vraiment ?

— Il a séduit ou abandonné ma mère… Ne parlons pas de lui, il répare aujourd’hui envers moi… Je l’ai remercié dans l’église, et à présent qu’il n’en soit plus question…

— Tu ne sais pas si c’est lui qui t’envoie cette grosse fortune.

— Il faut bien que ce soit lui : ma mère est une pauvre femme qui a été bien élevée, mais qui n’a rien, puisque, pour ne pas me priver des dons de mon père, elle m’a laissé ici.

— Tu t’en plains ?

— Oh ! non, je la bénis et je bénis mon sort…

— Es-tu sûr qu’elle ne sera pas contrariée de notre mariage ?

— Nous ne le ferons pas avant qu’elle l’ait permis. M. Alphonse sait où elle demeure : je lui écrirai, elle viendra ; mais elle sera contente, va, et elle t’aimera, elle est si bonne !

— Tu la connais ? et tu me disais que non !

— Je ne pouvais rien dire à ma Charlotte, mais je peux tout dire à ma femme. Viens à présent ! il faut que ton père nous bénisse. Il faut qu’il sache