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JEAN.

Elle a déjà un mari ?

GERMINET.

Elle l’aura avant la quinzaine.

JEAN.

Vous moquez-vous, père Germinet ? vous avez déjà trouvé et accepté un mari pour Gervaise ?

GERMINET.

Oh ! dame ! tout de suite. J’savais que vous épousiez pas, vous !

JEAN.

Alors, c’est une franche canaille, le mari que vous lui donnez.

GERMINET.

À cause ?

JEAN.

À cause qu’il a compté sur ma bourse.

GERMINET.

Il y compte pas. Il sait ben que vous avez pas pu égarer ma fille, et il pouvait pas deviner que vous seriez si généreux que d’y faire une dot pour le plaisir de la faire.

JEAN.

Alors… puisque la Gervaise avait déjà un amoureux tout prêt à l’épouser, vous m’avez tiré de l’argent inutilement ?

GERMINET.

L’argent est jamais inutile, mon fils ! Mais je vas queri’ mon monde. (Il va ouvrir la porte de la maison et appeler par gestes.)

JEAN, à part.

Ah ! tu m’as mis dedans ! Eh bien, ton gendre payera pour toi, et je danserai aux violons de sa noce !

GERMINET, revenant.

Vous songez ?… vous songez peut-être que vous tromperez le mari comme vous avez voulu tromper le père ? Vous le tromperez pas, Jean Robin, c’est moi qui vous le dis.