Page:Sand - Les Don Juan de village.pdf/35

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JEAN.

Eh ben, et toi ! il me semble que quand tu t’y mets…

BLANCHON.

Oh ! moi… bien sûr ! quand je m’y mets…

JEAN.

T’es pas mal canaille aussi.

BLANCHON.

Canaille aussi !… Eh bien, c’est une chose étonnante, ça ! j’étais pas né canaille, j’étais né imbécile. À dix-huit ans, je rougissais quand une femme me regardait, et j’osais pas y dire une parole. C’est toi qui, en m’apprenant à boire, m’as appris à causer, et à oser, et à résister à mes parents… de même qu’aux tiens et à la grand’Jeanne, qui voulaient que je me conserve innocent pour épouser ta petite sœur…

JEAN.

Parle pas de ma sœur. C’est pas pour ton nez, Cadet-Blanchon.

BLANCHON.

Oh ! à présent, j’y prétends rien. J’ai pas plus que toi l’idée tournée au mariage. C’est bon quand on aura plus le sou et qu’on sera las de se divertir. Quel âge qu’elle peut avoir à c’t’ heure ?

JEAN.

Qui ?

BLANCHON.

La petite Mariette.

JEAN.

Elle a douze ans… ou treize…

BLANCHON.

Oh ! mais non ! tu sais pas seulement l’âge de ta sœur ! Elle a quinze ans ou seize.

JEAN.

Bah ! t’en sais rien non plus, elle a pas tant que ça.

BLANCHON.

Je te dis que si, puisque la grand’Jeanne m’a dit, il y a cinq